29 E 1 papiers de la famille De Glandevès de Cuges

 

 

Information prise par M. Claude RABIER juge pour le Roy en la ville de Saint Maximin et commissaire député par Monseigneur le Maréchal DE VITRY gouverneur pour sa Majesté en ce pays de Provence à la requête de François DE GLANDEVES écuyer de Cuges querellant

 

Contre

 

L'avocat FLOTTE, le chanoine FLOTTE, le cadet FLOTTE, un nommé ALZAC et MARTIN et autres du lieu de Roquevaire querellés pour être ladite information remise rier mondit seigneur Le Maréchal.

 

 

Information prise par nous Claude RABIER docteur en droit, juge pour le Roy en sa ville de Saint Maximin et commissaire à ce député par Monseigneur le marquis DE VITRY premier maréchal de France, gouverneur et lieutenant général pour sa Majesté en ce pays de Provence, à la requête de François DE GLANDEVES sieur de Cuges, cornette de la compagnie des chevau-légers de Monsieur le chevalier DE VITRY querellant en rébellion, excès et voie de fait

 

Contre

 

L'avocat FLOTTE, le chanoine FLOTTE, le page FLOTTE, ALZAC, MARTIN et plusieurs autres du lieu de Roquevaire querellés.

 

 

Du vingt quatrième jour du mois de Mai mil six cent trente six par devant nous dit juge et commissaire au présent lieu de Cuges et dans le logis de Pierre DIDIER de la duché de Lorraine habitant audit lieu âgé de cinquante huit ans.

François SPAGNET travailleur dudit lieu de Cuges âgé d'environ vingt quatre ans moyennant son serment ouï sur les faits contenus au procès verbal et requête attachée à notre commission à lui lue et donnée à entendre après avoir déclaré n'être parent ni allié des parties.

 

A dit être mémoratif que cinq ou six jours avant la fête de monsieur Saint Marc dernière n'étant mémoratif de la date du mois bien dit que s'était un jour de vendredi il fût commandé par François DE GLANDEVES sieur de Cuges et cornette de la compagnie des chevau-légers de Monsieur le chevalier DE VITRY d'aller accompagner un monsieur JAYNE cavalier de ladite compagnie avec Pierre ARENE que s'en allait aux lieux de Gémenos et Roquevaire pour notifier et faire savoir aux consuls des dits lieux une ordonnance rendue par Monseigneur le maréchal DE VITRY gouverneur de cette province de fournir à ladite compagnie en qualité d'aides aux communautés d'Annot, Colmars, Montauroux, Callian et autres ce que ledit déposant fit et étant avec les sus nommés arriva au lieu de Gémenos, les consuls dudit lieu ayant appris le dit ordre ils accordèrent de payer sa part et en effet ils apportèrent le lendemain sa part les concernant audit Sieur de Cuges cornette au présent lieu. Et ayant ainsi été accordé lui qui dépose avec les dits JAYNE et ARENE continuèrent son chemin vers le lieu de Roquevaire distant d'une lieue dudit Gémenos, où arrivés après que ledit JAYNE eût fait entendre la fourniture qu'ils devaient faire porter par le susdit ordre, au lieu d'y satisfaire ils se seraient raidis et opposés en telle façon que un nommé l'avocat FLOTTE, le chanoine FLOTTE et un autre nommé le page FLOTTE, un nommé ALZAC et l'autre MARTIN auraient commandé de sonner les cloches en forme de toc sain, ce qu'a même temps fut fait ne sachant toutefois ledit déposant qui sonna lesdites cloches, bien dit qu'à même temps qu'elles furent sonnées, il y eut dans ledit lieu de Roquevaire environ cent hommes armés les uns de leurs arquibeuses, bâtons ferrés et les autres de leurs épées, lesquels ayant en tête lesdits FLOTTE sus nommés, ALZAC et MARTIN que viennent droit à lui que dépose, JAYNE et ARENE que les mirent en fuite criant après "tue ! tue !" jusqu'en l'ermitage et chapelle appelé de Saint Jean de Gragniers où lui que dépose fût fait prisonnier par lesdits trois FLOTTE, ALZAC et un nommé CRISTOL boucher dudit lieu, lequel canonge FLOTTE donna audit déposant deux ou trois coups d'épée, à plat sur la tête lui disant qu'ils étaient des voleurs et lui ôtèrent une épée, ensemble à un nommé Barthélemy BOUDROY du lieu de Mazaugues qui s'était joint avec eux, et ayant saisi ledit déposant le menèrent audit lieu de Roquevaire où il a été détenu prisonnier quatre jours dans une chambre fermée dans le logis appelé de NEGREL qui est sur le pont dudit Roquevaire et après lesdits quatre jours lui ayant laissé le sergent ordinaire la porte de ladite chambre où il était détenu ouverte et libre il serait sorti de ladite chambre sans que personne lui ait du depuis rien dit, autre chose a dit ne savoir, la teneur faite y persistant  a fait sa marque.

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Dudit jour constitué Honnoré ESPANET travailleur du présent lieu de Cuges âgé d'environ trente cinq ans à son serment ouï sur les faits que dessus et fait même déclaration.

 

A dit qu'il ne sait autre chose sinon que allant le Sieur François DE GLANDEVES écuyer du présent lieu de Cuges cornette de la compagnie des chevau-légers du Sieur chevalier DE VITRY vers le lieu de Gémenos en compagnie d'un nommé JAYNE cavalier de ladite compagnie, un autre du lieu de Mazaugues duquel le déposant ne sait son nom et de François ESPANET frère de lui qui dépose, ledit Sieur écuyer lui dit d'aller avec eux ce qu'il fit et après qu'ils furent arrivés audit Gémenos, ayant ledit Sieur écuyer traité de quelques affaires qu'il avait avec les consuls dudit Gémenos que lui donnèrent contentement, ledit Sieur s'arrêta audit Gémenos et dit audit JAYNE cavalier, Pierre ARENE son serviteur, lui que dépose et son dit frère de s'en aller au lieu de Roquevaire pour avoir payement de quelques fournitures qu'ils devaient à la compagnie dudit Sieur chevalier, et comme ils furent arrivés audit lieu de Roquevaire après avoir fait voir la commission que ledit JAYNE portait aux consuls et apparents dudit lieu de Roquevaire où étaient le page DE FLOTTE, l'avocat FLOTTE, le chanoine FLOTTE, un nommé MARTIN et un autre ALZAC, lesquels furent avertis de venir par ledit page FLOTTE que lui envoya son laquais et à même temps on fît sonner le toc sein et vinrent incontinent environ cent hommes armés de leurs arquibeuzes, bâtons ferrés et épées, sur lui que dépose et les autres sus nommés que leur firent prendre la fuite et les poursuivirent jusqu'à la chapelle de Saint Jean de Gregniers où ils s'arrêtèrent ayant ouï dire que lesdits FLOTTE et autres sus nommés dudit Roquevaire avaient pris prisonnier son dit frère et icelui mené audit lieu de Roquevaire où il fût détenu quatre jours, et plus n'a dit lecture faite et persistant s'est sous marqué.

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Du vingt cinquième jour du susdit mois et an et au lieu que dessus constitué

 

Mary VARENE travailleur du présent lieu de Cuges âgé de cinquante ans à son serment ouï sur les faits que dessus après avoir déclaré n'être parent ni allié des parties.

 

A dit que fait environ un mois qu'étant lui déposant au quartier du chemin allant à Gémenos il eut en rencontre Monsieur François DE GLANDEVES écuyer de ce lieu que s'en allait en compagnie de trois ou quatre autres hommes tant à pied que à cheval partie desquels il que dépose ne connu sinon que François ESPAGNET lequel Sieur écuyer lui commanda d'aller avec eux ce qu'il fit et étant audit lieu de Gémenos ledit Sieur écuyer s'arrêta audit lieu avec son laquais et lui que dépose avec les autres allèrent au lieu de Roquevaire où arrivés un homme à cheval qu'était avec eux parla aux consuls et à un nommé monsieur FLOTTE dit lou pagé, lequel envoya à même temps son laquais avertir audit Roquevaire et à même temps ils entendirent sonner les cloches en forme de toc a sein et tout incontinent il sortit plus de cent hommes armés dudit Roquevaire avec leurs arquibeuzes, bâtons ferrés et épées, lesquels vinrent à eux et les mirent en fuite et les poursuivirent jusque proche le lieu de Gémenos en laquelle troupe il que dépose reconnu y être un nommé l'avocat FLOTTE, le chanoine FLOTTE lesquels firent prisonnier François SPANET qu'ils menèrent audit Roquevaire et l'ont détenu prisonnier trois ou quatre jours ne sachant comme il est sorti ni moins le sujet pourquoi ils allèrent audit lieu de Roquevaire, et plus n'a dit lecture faite y persistant a fait sa marque.

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Dudit jour André RAYMOND du lieu du Castellet habitant au présent lieu de Cuges âgé d'environ trente cinq ans lequel moyennant son serment ouï sur les faits dont est question et déclaré n'être parent ni allié des parties.

 

A dit que fait environ trois ou quatre semaines qu'il fut requis par François DE GLANDEVES écuyer du présent lieu de Cuges d'aller jusqu'avec lui au lieu de Gémenos avec quelques autres qui étaient à sa compagnie, ce que ledit déposant fît et étant audit lieu de Gémenos, ledit Sieur fit quelques affaires qu'il avait avec les consuls dudit lieu et en après il s'arrêta en icelui et commanda à lui que dépose d'aller avec un homme qui était à cheval à lui inconnu ce qu'il fît ne sachant toutefois ce qu'ils allaient faire audit Roquevaire bien dit que comme ils furent au vallon appelé de Nelle un nommé FLOTTE dit Lou Pagé envoya son laquais audit lieu de Roquevaire et un peu après ils entendirent sonner les cloches en façon de toc a sang et à même temps il sortit dudit Roquevaire environ cent hommes armés de bâtons ferrés, arquibeuzes et épées, lesquels vinrent droit à eux et les mirent en fuite et les poursuivirent jusque proche dudit lieu de Gémenos distant d'une lieue dudit Roquevaire, criant "tue, tue les voleurs" ayant saisi prisonnier François SPANET qu'ils menèrent audit Roquevaire où ils l'ont détenu quelques jours. Dit aussi avoir connu en tête de ladite troupe l'avocat et le chanoine FLOTTE frères, un nommé ALZAC, un autre MARTIN et le boucher dudit lieu, et plus n'a dit lecture faite y persistant a fait sa marque

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Dudit Jour

 

Honnoré ESTEVE travailleur originaire de la ville de Saint Maximin habitant au présent lieu de Cuges âgé d'environ trente ans moyennant son serment ouï sur les mêmes faits que dessus et déclaré n'être parent ni allié des parties.

 

A dit que fait environ un mois qu'il fut commandé par Monsieur François DE GLANDEVES écuyer de ce lieu d'aller avec lui jusqu'au lieu de Gémenos comme il fit et étant audit lieu ledit Sieur fit quelques affaires qu'il avait avec les consuls et communauté dudit Gémenos, et pendant que ledit Sieur traitait son dit affaire il dit à lui que dépose d'aller avec deux gendarmes et deux ou trois hommes de ce lieu d'aller jusqu'à Roquevaire, ce qu'ils firent mais pour lui que dépose il n'y par [.] s'arrêta au terroir pour quelque indisposition qu'il eut et s'étant arrêté il vit venir lesdits gendarmes, avec ses compagnons courant, suivis d'environ cent ou six vingt hommes armés criant "aux voleurs, aux voleurs tue, tue ", et de fait qu'ils prirent prisonnier un nommé François SPAGNET lequel ils menèrent audit Roquevaire n'ayant reconnu ledit déposant personne attendu que comme le vit venir il se mit à fuir comme les autres craignant d'être battu, et plus n'a dit lecture faite y persistant a fait sa marque.

 

RABIER juge et commissaire

 

 

Dudit Jour au lieu de Gémenos et dans le logis de Guilhem JAYNE dudit lieu par devant nous dit juge et commissaire constitué

 

Gabriel TAUREL ménager dudit Gémenos âgé d'environ trente ans lequel moyennant son serment ouï sur les faits que dessus et déclaré n'être parent ni allié des parties

 

A dit que fait environ un mois qu'il que dépose était en ce lieu où y arriva François DE GLANDEVES Sieur de Cuges avec deux autres cavaliers et deux ou trois hommes à pied pour venir demander quelque argent que la communauté de ce lieu avec la communauté de Roquevaire était en aide par ordre de Monseigneur le maréchal aux communautés des villes d'Annot, Colmars, Beauvezer et autres dénommées audit ordre contribuables à la compagnie de chevau-légers de Monsieur le chevalier DE VITRY de laquelle ledit Sieur de Cuges en est cornette en suite duquel ordre les consuls et communauté de ce lieu auraient payé audit Sieur de Cuges sa cotte et part concernant se montant environ quatre vingt trois écus y compris les dépens, et après ledit Sieur de Cuges étant accommodé avec la communauté de ce lieu envoya deux de ses gendarmes avec deux ou trois hommes de pied audit lieu de Roquevaire avec ledit ordre de mon dit seigneur pour avoir payement de sa part concernant ladite communauté et environ deux après leur départ ils les virent venir tous en déroute et alarmes suivis de plusieurs hommes dudit Roquevaire partie desquels étaient armés de leurs arquibeuzes et les autres de leurs épées, lesquels vinrent jusqu'en ce lieu où étaient entre autres l'avocat FLOTTE, son frère le chanoine lequel avait une arquibeuze, un autre sien frère appelé Lou Pagé, lesquels étaient tous transportés et en colère disant qu'ils ne voulaient rien payer de ce que ledit Sieur de Cuges demandait, dit aussi avoir ouï dire que la plus grande partie des gens dudit Roquevaire s'était arrêtée à l'ermitage de Saint Jean de Graguier où ils avaient pris prisonnier un des hommes dudit Sieur de Cuges, et plus n'a dit lecture faite y persistant s'est soussigné

TAUREL

 

RABIER juge et commissaire

 

 

Dudit jour constitué

 

Honnoré OLLIVARY sergent royal du lieu d'Aubagne âgé de vingt huit ans moyennant son serment ouï sur les faits dont est question et fait même déclaration que dessus

 

A dit que fait environ un mois ou cinq semaines que le Sieur de Cuges cornette de la compagnie des chevau-légers du Sieur chevalier DE VITRY envoya quérir lui que dépose pour venir exécuter un ordre que Monseigneur le maréchal avait fait portant que la communauté de ce lieu de Gémenos et celle de Roquevaire étaient en aide aux villes de Colmars, Annot, lieux de Beauvezer et autres contenus audit ordre et pour l'exécution dudit ordre lui que dépose avec ledit Sieur de Cuges accompagné d'un cavalier nommé JAYNE et deux ou trois hommes de pied serait venus en ce lieu et voulant faire quelques exécutions en vertu dudit ordre les consuls et communauté de ce lieu payèrent audit Sieur de Cuges ce qu'était de sa part les concernant avec les dépens. Et après que ledit Sieur fut d'accord avec lesdits consuls il envoya ledit JAYNE cavalier avec deux ou trois hommes de pied au lieu de Roquevaire pour exécuter ledit ordre et avoir payement de sa part et comme ils furent partis environ deux heures après il vint un bruit que messieurs de Roquevaire avaient fait rébellion et s'étaient émus contre les gens dudit Sieur de Cuges ayant pris les armes les poursuivant par tout le terroir pour leur faire déplaisir ce qu'entendu par ledit Sieur de Cuges il y voulu aller pour les assister et lui que dépose y alla aussi et étant à la sortie de ce lieu tout auprès de l'église trouvèrent un des gardes de Monseigneur le prince DE CONDE nommé dans le verbal écrit et signé par lui que dépose auquel ledit Sieur de Cuges dit tels mots "Monsieur on m'a dit que vous avait saisi prisonnier un de mes gens" et alors ledit garde lui dit "Monsieur il est vrai que j'ai trouvé de gens qui poursuivaient d'autres personnes qu'on disait être de voleurs et j'en ai saisi un que j'emmène avec moi" et alors ledit Sieur de Cuges dit à ladite garde que ce n'était point de voleur [.] que c'était de gens qui allait exécuter un ordre de Monseigneur le maréchal DE VITRY ainsi qu'on lui fit en après voir et même temps ladite garde lâcha ledit prisonnier et cependant des gens de Roquevaire arrivèrent auxquels ladite garde leur fit une grande remontrance qu'ils avaient tort de n'obéir à l'ordre dudit seigneur le gouverneur et entre autres de ceux dudit Roquevaire il que dépose reconnu l'avocat FLOTTE disant aussi qu'au requis dudit Sieur de Cuges il a écrit le procès verbal dont il a parlé ci-dessus, et plus n'a dit lecture faite y persistant c'est soussigné.

OLLIVARY

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Dudit jour constitué

 

Louis BREST notaire royal du présent lieu de Gémenos âgé d'environ vingt six ans lequel moyennant son serment ouï sur les faits que dessus après avoir déclaré n'être parent ni allié des parties.

 

A dit ne savoir autre chose sinon que lorsque le Sieur de Cuges cornette des chevau-légers de Monsieur le chevalier DE VITRY vint en ce lieu avec ordre de Monseigneur le maréchal pour tirer de cette communauté et de celle du lieu de Roquevaire quelque somme de deniers qu'ils étaient en aide aux communautés de Colmars, Annot et autres contribuables à ladite compagnie et pendant que ledit Sieur de Cuges traitait d'accord avec cette communauté il envoya ledit ordre avec de gens audit Roquevaire pour avoir payement de sa part mais une heure ou deux après ils entendirent dire que ces messieurs dudit Roquevaire avaient fait rébellion non qu'il déposant l'ai vue ni vu personne dudit lieu, et plus n'a dit lecture faite y persistant c'est soussigné

L. BREST

 

RABIER Juge et commissaire

 

 

Dudit jour

 

Laurens DE LA FONT hoste de présent lieu de Gémenos, âgé d'environ vingt six ans à son serment ouï sur le fait de ladite commission et déclaré n'être parent ni allié des parties

 

A dit qu'il ne sait autre chose sinon que le jour que les habitants du lieu de Roquevaire firent rébellion aux gens que monsieur de Cuges cornette lui envoya pour exécuter un ordre qu'il avait de Monseigneur le maréchal il vint dans la maison de lui que dépose deux hommes dudit Roquevaire un nommé Jean Baptiste ne sachant son surnom et l'autre il ne sait le nom ni le surnom bien dit ledit déposant qu'ils étaient tous deux fort alassés et presquiés, hors d'haleine et tout mouillées leurs chemises de leur sueur et auxquels il déposant prêta à chacun d'eux une chemise pour se changer ayant chacun d'eux un bâton ferré ayant ouï dire qu'ils les laissèrent à la maison d'un nommé FIGONNET ce lieu, et plus n'a dit lecture faite y persistant s'est soussigné

Laurens LA FONST

 

RABIER juge et commissaire

 

 

Dudit jour

 

Laurens BREST consul dudit lieu de Gémenos âgé de cinquante ans ou environ moyennant son serment ouï sur les faits que dessus et déclaré n'être parent ni allié des parties.

 

A dit que ayant le Sieur écuyer de Cuges cornette de la compagnie de chevau-légers du Sieur chevalier DE VITRY obtenu ordre de Monseigneur le maréchal que ce lieu de Cuges et le lieu de Roquevaire étaient en aide aux communautés d'Annot, Colmars et autres contribuables à ladite compagnie ledit Sieur de Cuges serait venu en ce lieu avec ledit ordre pour être payé ce qu'il fût et pendant qu'il était en ce lieu il envoya audit lieu de Roquevaire de gens et entre autre un cavalier de ladite compagnie pour être payé de la part les concernant et environ deux heures après le départ desdits gens dudit Sieur de Cuges il aurait ouï dire que les habitants dudit Roquevaire s'étaient armés et les avaient fait fuir jusqu'en un fossé qui est proche de ce lieu où il que dépose fut avec ledit Sieur de Cuges et étant audit fossé ils trouvèrent une troupe de ceux dudit Roquevaire desquels il que dépose reconnu l'avocat FLOTTE partie desquels étaient armés de bâtons ferrés les autres d'arquibeuzes et épées lequel FLOTTE avec ledit Sieur de Cuges se disputèrent fort pour raison du payement dudit ordre disant icelui FLOTTE qu'il ne voulait point payer ledit Sieur de Cuges. Dit encore que allant avec ledit Sieur de Cuges trouvèrent un cavalier qu'on disait être une des gardes de Monseigneur le prince DE CONDE lequel dit audit FLOTTE que ce n'était pas ainsi qu'il fallait procéder et s'opposer à la volonté et ordre de son gouverneur et qu'il devait payer ledit Sieur de Cuges et alors ledit FLOTTE répondit qu'il ne payerait jamais, et plus n'a dit lecture faite y persistant a fait sa marque.

L B

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Dudit jour

 

Anne JAYNE femme de Laurens DE LA FONT marchand du présent lieu de Gémenos âgée d'environ dix neuf ans laquelle moyennant son serment ouïe sur le fait dont est question après avoir déclaré n'être parente ni alliée des parties.

 

A dit que lorsque ces messieurs du lieu de Roquevaire poursuivirent dernièrement les gens que Monsieur de Cuges avait mandé audit Roquevaire les messieurs dudit lieu vinrent en troupe jusqu'en ce lieu, deux desquels qu'elle que dépose ne sait leurs noms vinrent en sa maison tous lassés et presque hors de soi ayant les chemises toutes mouillées de la sueur et aux quels elle avec son dit mari lui prêtèrent une chemise à chacun pour changer et laissèrent les siennes de celles là que huit jours après ils ont envoyé échanger, autre chose a dit ne savoir lecture faite y persistant a fait sa marque

AI

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Dudit jour

 

Phelip RAYMONENC ménager du lieu de Mazaugues âgé de quarante huit ans à son serment ouï sur les faits que dessus et déclaré n'être parent ni allié des parties

 

A dit qu'il ne sait autre chose du contenu dudit verbal et requête sinon que lorsque le Sieur écuyer de Cuges vint en ce lieu pour être payé de l'ordre que Monseigneur le maréchal leur avait donné tant sur cette communauté que celle de Roquevaire s'étant accommodé ledit Sieur avec les consuls de ce lieu il envoya au lieu dudit Roquevaire un cavalier de la compagnie des chevau-légers de monsieur le chevalier DE VITRY avec un nommé Jean Baptiste BARBAROUX maître chirurgien de la ville d'Aix et deux ou trois autres hommes à pied pour avoir payement de la part concernant ledit Roquevaire lesquels au lieu d'y satisfaire les habitants dudit lieu se seraient mis en armes, et ce seraient opposés à l'exécution dudit ordre de telle façon qu'ils auraient mis en fuite ledit cavalier BARBAROUX et autres que ceux dudit Roquevaire auraient poursuivi jusqu'en ce lieu armés de leurs arquibeuzes, épées et bâtons ferrés ainsi qu'il déposant a vu une partie qui sont entrés dans ce village tous alassés, mouillés et presque hors d'haleine parmi lesquels il que dépose a reconnu l'avocat FLOTTE et le chanoine FLOTTE lequel avocat avait l'épée nue en la main et le chanoine avait une arquibeuze à rouet criant tout haut que l'ordre que ledit Sieur de Cuges avait ne valait rien et ne reconnaissaient point ledit ordre et ne voulait point payer pour raison de quoi ledit Sieur de Cuges avec lesdits FLOTTE et autres dudit Roquevaire qu'il ne connaît eurent beaucoup de disputes et pendant ce il arriva étant à la sortie du village un [.] de garde de Monseigneur le prince DE CONDE lequel ayant entendu leur différent il donna un grand tort à ceux dudit Roquevaire et leur dit de satisfaire audit ordre puis que s'était l'intention de Monseigneur le maréchal lesquels FLOTTE et autres crièrent tout haut "nous ne payerons jamais en vertu de cet ordre lequel nous ne reconnaissons point" et plus n'a dit lecture faite y persistant à fait sa marque

R

 

RABIER juge et commissaire

 

 

Du vingt sixième jour du susdit mois et an au susdit lieu de Gémenos et par devant nous dit juge et commissaire constitué

 

Jean Baptiste BARBAROUX maître chirurgien de la ville d'Aix habitant au lieu de Cuges âgé de trente ans à son serment ouï et interrogé sur les faits mentionnés au susdit verbal et requête attachée à notre commission après avoir déclaré n'être parent ni allié des parties.

 

A dit que fait environ un mois ou cinq semaines qu'il fut prié par le Sieur écuyer de Cuges cornette de la compagnie des chevau-légers du Sieur chevalier DE VITRY de venir avec lui jusque en ce lieu ce que ledit déposant fit ou étant avec un cavalier de ladite compagnie nommé JAYNE ledit Sieur de Cuges traita une affaire qu'il avait avec les consuls et communauté de ce lieu pour raison d'un ordre qu'il avait de Monseigneur le maréchal portant que la communauté de ce lieu et celle du lieu de Roquevaire étaient en aide à la communauté de Colmars, Annot, Beauvezer et autres lieux de la Montagne nommés audit ordre contribuables à ladite compagnie et comme ledit Sieur de Cuges eut reçu contentement des consuls de ce lieu il pria lui que dépose avec ledit JAYNE et deux ou trois hommes de pied d'aller jusqu'audit lieu de Roquevaire pour avoir payement de la cotte concernant ladite communauté sinon faire valoir ledit ordre de l'autorité de mon dit seigneur ce qu'ils firent et comme ils furent proches dudit lieu de Roquevaire ils entendirent sonner les cloches en forme de toc à sang et à même temps ils virent sortir plus de cent hommes armés dudit lieu les uns avec d'arquibeuzes, les autres de leurs armes d'astées et épées, venant droit à eux criant "tue, tue, aux voleurs, aux voleurs", si bien que au lieu de pouvoir parler aux consuls dudit lieu il fallut gagner au pied et s'en retourner bien vite au présent lieu de Gémenos, jusqu'où ils furent poursuivis ayant ceux dudit Roquevaire saisi prisonnier un nommé François SPANET dudit Cuges qui était allé avec eux, lequel ils ont détenu quelques jours disant n'avoir connu personne de ceux dudit Roquevaire et plus n'a dit lecture faite y persistant s'est soussigné

BARBAROUX

 

RABIER juge et commissaire

 

 

Dudit jour vingt sixième dudit mois de mai audit an au présent lieu de Roquevaire et par devant nous dit juge et commissaire constitué

 

Honnoré NEGREL hoste du logis du Pont dudit lieu de Roquevaire âgé d'environ trente trois ans lequel moyennant son serment ouï sur les faits contenus au susdit verbal et requête attachée à notre commission à lui lue et donnée à entendre après avoir déclaré n'être parent ni allié des parties

 

A dit que la vérité est telle que fait environ un mois ou cinq semaines qu'ayant les consuls de ce lieu été avertis que le Sieur de Cuges venait courir au terroir de ce lieu pour certaines aides ordonnées par le Sieur maréchal on fît sonner les cloches en forme de toc à sang et plusieurs personnes qui étaient aux champs se retirèrent au son desdites cloches dans ce dit lieu et d'ici ils allèrent par le terroir ne sachant où bien dit que quelques heures après une troupe de paysans lui amenèrent un jeune homme duquel il ne sait son nom bien dit que quand ledit homme fut arrivé dans le présent logis étant interrogé pourquoi il venait prendre du bétail dans ce terroir il dit que ledit Sieur de Cuges lui avait commandé de venir et après avoir bu ils remirent ledit jeune homme dans une chambre où il a demeuré environ deux ou trois jours dans laquelle le sergent ordinaire lui portait de vivre que lui que dépose lui a fourni sans qu'il soit été encore payé de personne. Dit encore que ledit homme s'est sauvé de ladite chambre sans rien dire, et plus n'a dit lecture faite y persistant c'est soussigné.

 

Honnorat NEGREL

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

Dudit jour

 

Anne VALLOYE femme dudit Honnoré NEGREL âgée de dix neuf ans laquelle à son serment ouïe sur les faits que dessus et fait déclaration n'être parente ni alliée des parties.

 

A dit qu'elle ne sait autre chose sinon que fait trois ou quatre semaines qu'elle entendit sonner les cloches en forme de toc à sang lesquelles cloches mirent en larmes tout le village et les habitants qui étaient en campagne vinrent quant à quand lesquels s'étant armés de leurs arquibeuzes, arme d'astée et épées, allèrent par le terroir de ce lieu où on disait qu'on gagoit du bétail et deux ou trois heures après quelques paysans de ce lieu qu'elle ne connaît amenèrent un jeune homme prisonnier du lieu de Cuges qu'ils remirent dans une chambre de ce logis lequel y demeura trois ou quatre jours sous la garde d'un homme qu'elle que dépose et son dit mari ont fourni desquels vivres ils ne sont point été payés lequel prisonnier se sauva sans dire adieu, et plus n'a dit lecture faite y persistant à fait sa marque

+

 

RABIER juge et commissaire.

 

 

L'information ci-dessus sous l'audition de quinze témoins en vingt feuillet écrits le présent inclus a été faite par nous dit juge et commissaire tant en lieux de Cuges, Gémenos, que Roquevaire écrivant sous nous messire Honnoré VERGIER commis au greffe de Saint Maximin et en foi de vérité nous somme soussigné fait l'an et jours susdits

 

RABIER juge et commissaire

 

 

H. VERGIER greffier